Claude Cahun
Nantes, 1894 – Saint-Hélier (Royaume-Uni), 1954
Objet sous globe de verre
Vers 1936
Tirage sur papier au gélatino-bromure d’argent
17,8 x 13 cm
Achat, 2013 – avec l’aide du FRAM
Inv. 13.8.1.PH
Fille de Maurice Schwob, directeur du journal Le Phare de la Loire, nièce de l’écrivain Marcel Schwob, Lucy Schwob grandit à Nantes, où elle rencontre en 1909 Suzanne Malherbe, qui sera tout au long de sa vie sa complice et sa compagne. En 1914, elle publie ses premiers écrits (Vues et Visions) dans Le Mercure de France, illustrés de dessins de Malherbe. À la même époque, Schwob réalise ses premiers autoportraits photographiques. Adoptant le pseudonyme de Claude Cahun à partir de 1918, elle mène désormais en parallèle un travail d’écrivain et de photographe.
Cahun s’installe à Paris en 1922. Au fait des activités du mouvement surréaliste, elle rencontre André Breton en 1932, lorsqu’elle adhère à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dont il est aussi membre. Le détournement surprenant d’objets est un procédé créatif fertile partagé par Cahun et les surréalistes : ils organisent en 1936 une exposition d’objets à la galerie Charles Ratton. Pour Cahun, les objets sont également d’éphémères sujets de photographies, assemblés le temps de la prise de vue, puis réemployés à d’autres compositions. L’artiste réalise ainsi vingt-deux tableaux photographiques afin d’illustrer Le Cœur de Pic, recueil de poèmes de Lise Deharme, préfacé par Paul Éluard. Cahun n’a jamais vendu ses photographies, préférant les offrir à ses amis proches. Objet sous globe de verre est un cadeau destiné à André Breton. Les objets mis en scène sous une cloche de verre, selon un procédé fréquemment mis en œuvre à cette période, sont évocateurs du personnage même de Breton : un bras de poupée, un cadran sans aiguille, un marteau et une faucille, quelques lettres composant à l’envi les mots « poésie » et « histoire ». Cet assemblage d’objets est en outre une métaphore de la position d’écrivain tenue par Cahun, surréaliste et engagée. En 1951, elle continue de dire :
« Vivre (écrire) est pour moi cette “impossible” acrobatie de la poésie à “l’historicité”. »
Claire Lebossé
Extrait du Guide des collections du Musée d'arts de Nantes
Domaine public - Crédit photographique : © Musée d'arts de Nantes - C. Clos