Claude Monet
Paris, 1840 – Giverny, 1926
Les Nymphéas à Giverny
1917
Huile sur toile 100 x 200 cm
Don de l’artiste à la Société des amis du musée, 1922 ; don de celle-ci au musée, 1938
Inv. 2233)
Monet s’était installé à Giverny en 1883. Il avait quarante-trois ans et allait y vivre aussi longtemps. Les jardins et bassins qu’il aménagea dans sa propriété pour lui servir de « motifs à peindre » l’ont conduit à renouveler entièrement la notion de paysage. En concentrant son regard sur une surface horizontale de quelques mètres carrés d’eau recouverts de nénuphars, Monet procédait insensiblement à une véritable révolution picturale dont la portée semble n’avoir été justement mesurée que dans les années 1950, quand l’attention fut à nouveau attirée sur la production tardive de l’artiste.
La toile des Nymphéas du musée des Beaux-Arts de Nantes fut offerte en 1922 par Monet à Marc Elder, alors président de la Société d’initiative et de documentation artistique (Amis du musée) créée en 1919 pour ouvrir les collections municipales à la création contemporaine. Le conservateur, Fernand Pineau-Chaillou, s’était rendu à Giverny le 1er juin 1922. Trois jours après cette rencontre, il recevait du peintre le mot suivant :
« Profitant d’un jour de pluie, je viens de signer le tableau que je suis heureux de donner au Musée de Nantes. »
L’examen de l’œuvre montre très clairement que l’artiste avait fait suivre sa signature du chiffre 22 puis avait maquillé celui-ci en 1917. Il faut toutefois considérer cette date comme approximative car Monet ne disposait pas de châssis de ce format en double carré (100 x 200 cm) avant d’en faire la commande à son menuisier en avril 1918. Il avait sans doute éprouvé le besoin de travailler sur des supports de dimensions plus petites mais de proportions identiques aux œuvres monumentales qu’il avait en cours.
Il est intéressant de constater que la flore aquatique est indiquée à la périphérie du tableau par quelques accents colorés qui rythment la composition et obligent le regard à circuler autour d’une grande zone centrale ovale. Ce dispositif plastique préfigurait peut-être inconsciemment le plan des salles qui accueillent au musée de l’Orangerie les « grandes décorations » offertes par Claude Monet à l’État français en 1922 à la suite d’une promesse qu’il avait faite en 1918 à son ami Georges Clemenceau pour fêter l’armistice.
Vincent Rousseau
Extrait du Guide des collections du Musée d'arts de Nantes
Domaine public - Crédit photographique : © Musée d'arts de Nantes - C. Clos