L’Alignement des grandes distances

Né à Saint-Nazaire en 1971, l’artiste vit et travaille à Nantes. Par la collecte de matériaux et d’objets, par l’usage de la couleur et de la lumière, Éric Gouret produit des œuvres et installations sensibles, en lien étroit avec les lieux qu’il arpente et investit. Invité à créer une installation pour cet espace en lien avec les saisons et les éléments météorologiques qui les rythment, il a choisi d’inscrire sa proposition dans le temps. 

Pensé comme une suite de séquences à découvrir jusqu’en janvier 2025, L'Alignement des grandes distances se déploie en dialogue avec le volume et la transparence du lieu, dans un rythme évoquant la course du Soleil, le cycle de la Lune et les rotations de la Terre. Les installations, présentées sur des durées d’un mois et demi à deux mois, se composent de sculptures, de dessins et de peintures et s’offrent comme une succession de scènes mises en forme. Ces dernières évoquent, par le titre qui les assemble, l’espace qui nous entoure et nous dépasse.

Les dessins réalisés en adhésif sur les parois exploitent la lumière laissant apparaître différentes tonalités colorées selon les points de vue et moments de la journée. Chaque élément marque le temps. Les installations varient, quant à elles, selon les séquences. Composées de matières collectées, de peintures et toiles sans châssis où le motif s’affirme à grande échelle, de moulages d’objets issus de fouilles, elles s’appuient sur le sol, dialoguent avec l’air et le ciel.

« La question des cycles marque le passage d’un temps séquencé, avec un perpétuel recommencement. C’est cette notion d’apparition, transformation, disparation et renouveau que j’ai voulu mettre en place dans cette installation. Elle offre ainsi au visiteur et utilisateur de l’espace public un jeu qui s’opère en fonction des conditions climatiques, des points de vue et des saisons. »

Éric Gouret, mars 2024

Lors de la première séquence intitulée Le Silence des formes, un grand cube évidé présenté au centre de l’espace vitré proposait de mettre en lien le temps du jour et de la nuit avec l’espace environnant. Cette structure flottait en lévitation au-dessus d’un parallélépipède d’un noir brillant, d’où émergeaient quelques surfaces colorées, et projetait les lignes de ses ombres sur le bâtiment du Musée d’arts au rythme de la course du soleil, comme un cadran.

Au printemps pour la 2e séquence, le volume constitué de sable noir s’est écoulé et transformé en Paysage, poussières célestes révélant les sculptures de couleurs qu’elle masquait. L’ensemble évoquait tour à tour un paysage désertique, un décor lunaire, un étrange vestige ou un fragment de maquette.

Ensuite, lors de la troisième séquence intitulée Mauvaises nouvelles des étoiles, la lumière estivale de juillet et août est venue éclairer un abri en forme de tipi recouvert de peintures sur toile, dont les motifs dialoguaient avec les formes des constellations déjà présentes sur les parois vitrées.

Aujourd’hui, Nébuleuses du doute, la quatrième séquence, présente un ensemble de formes réunies au sein d’une sculpture évoquant à la fois la cartographie d’un ciel ou un mur d’escalade. Chaque élément est issu d’une suite de gestes. Récupéré sur un site de gravats, comme de petites météorites, chacun a fait l’objet d’un choix et d’un regard avant d’être moulé et restitué en un objet de métal fondu, étrange et précieux. Enfin, la cinquième étape Étendre les étoiles verra le jour sous le soleil d’automne et poursuivra le dialogue avec le cycle du temps. Le geste peint apparaîtra sur les parois vitrées de l’espace qui, bien que transparent, accueille et protège, prolongeant les constellations flottantes aux couleurs irisées que l’artiste a dessinées au fil des séquences depuis mars 2024.

Une programmation tournée vers les artistes du présent

La vitrine du Parvis s’offre au regard depuis la rue et signale immédiatement l’importance de l’art contemporain pour le musée. Elle accueille chaque année des œuvres spécifiquement créées pour cet espace, grâce à des commandes passées par le musée à des artistes ayant un lien avec le territoire nantais. Parmi ces artistes : Dominique Blais, Laurent Tixador, Bevis Martin & Charlie Youle, Zhu Hong, Justin Weiler, Julie Maquet, et aujourd’hui, Éric Gouret.

Ces installations s’intègrent naturellement à l‘événement estival Voyage à Nantes.

Commissariat général : Sophie Lévy, directrice conservatrice, Musée d’arts de Nantes
Commissariat scientifique : Katell Jaffrès, responsable des collections d’art contemporain, Musée d’arts de Nantes

Légende et crédits : 
- Éric Gouret, L’Alignement des grandes distances, 2024
Projet en cinq séquences, matériaux divers Balises © Musée d'arts de Nantes - Photographies : Cécile Clos, Constance Mouchel, Tom Toupin