Chaque matin, Chloé Bienvenu, psychomotricienne, se rend dans une des 4 crèches municipales de Nantes Nord (Vanille et Chocolat, Graines d’étoiles, Chêne des Anglais et Breil). « Je m’installe avec les enfants, je joue avec eux, je les observe, raconte-t-elle. Nous faisons partie de la crèche, notre photo est à l’entrée, nous sommes repérées par les enfants, les parents et le personnel. »
Nous, c’est l’équipe mobile APPI (Actions de Prévention Précoces et d’Interventions) composée d’une infirmière, d’une éducatrice spécialisée, d’une médecin pédopsychiatre, d’une psychologue et d’une psychomotricienne. Cette équipe est née d’un constat des professionnels de la petite enfance sur Nantes Nord (Epsylan, Centre médico-psychologique, PMI). « De plus en plus de tout-petits ont des troubles du développement et ont besoin de soins spécifiques, affirme Aurélia Delaunay, responsable de la crèche du Chêne des Anglais. Pour beaucoup de famille, l’accès aux soins est difficile donc l’idée est d’aller vers, pour un accompagnement préventif et un accompagnement à la parentalité au sein des crèches. »
Repérer les signaux d'alerte
Les membres de l’équipe APPI portent une attention particulière à chaque enfant pour repérer les signaux d’alerte. « Cela peut être des problèmes d’alimentation, de sommeil, un enfant qui ne joue pas ou ne parle pas… ajoute Fabienne Fouques, psychologue. Nous en discutons avec l’équipe de la crèche pour savoir si c’est ponctuel ou récurrent donc inquiétant et s’il faut mettre en place un suivi spécifique. » Depuis septembre 2023, 13 enfants ont déjà bénéficié d’un accompagnement individuel au sein de la crèche et 5 enfants de temps de suivi collectif. « Le travail se fait aussi de façon non ciblée lors des matinées passées à jouer avec eux dans la crèche, indique Fabienne Fouques. Notre présence régulière, repérée par les enfants et une attention soutenue permettent à beaucoup d’enfants de progresser dans leur communication ».
Cette approche de prévention précoce permet d’intervenir rapidement, d’éviter aux troubles de s’installer car, comme l’a montré le travail de la commission des 1000 premiers jours (B. Cyrulnik, 2019) « il existe à cette période une grande plasticité neuronale et développementale chez l’enfant, qui permet une reprise développementale rapide si l’enfant est soutenu au bon moment », explique Fabienne Fouques. « Cela permet de diminuer ou d’éviter le recours au soin en Centre médico-psychologique dont les listes d’attente sont longues », insiste Chloé Bienvenu.
Soutenir les enfants et les parents
Le soutien à la parentalité est aussi une mission de l’équipe APPI. Angella Bouznouna, maman de Jaïl en a bénéficié après avoir fait part de ses craintes à la directrice de la crèche qui l’a orienté vers l’équipe. « Je suis une maman solo, mon fils voit très peu son père, il lui manque et j’avais peur qu’il en souffre, que ça le rende différent. Étienne, l’éducateur, a été bienveillant, il m’a rassuré, m’a donné des outils, c’était un vrai plus pour moi. » Angella Bouznouna a également participé à des ateliers parents organisés dans la crèche sur les émotions, les limites qui lui ont servi et lui ont permis d’échanger avec d’autres parents.
Plus d’un an après le début de ce projet, toutes les parties prenantes sont satisfaites. « Le soutien aux équipes de crèche fait aussi partie de nos missions, elles nous disent que cela allège leur charge mentale, qu’elles se sentent moins isolées. Nous avons été réactives auprès d’enfants qui avaient des besoins immédiats et les parents se sentent soutenus », résume Chloé Bienvenu.
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