Le projet de transformation de cette tour de bureaux en friche, emblématique de Nantes, a été révélé ! Nouveau look, terrasse panoramique gratuite, logements ou encore espaces pour des activités solidaires, conviviales et culturelles… On vous dévoile les images et les points clés de cette reconversion hors-norme.
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Construit dans l’euphorie verticale des Trente-Glorieuses, cet immeuble de 144 m de haut, dont 32 niveaux de bureaux, a dû fermer ses portes et son célèbre Nid en 2020. Vidé de ses occupants après notamment la découverte d’amiante, le « gratte-ciel nantais » est depuis en sommeil. Plus pour longtemps ! Quatre ans après sa fermeture, l’édifice qui, par sa taille, se voit à des kilomètres à la ronde prépare son grand retour avec une réhabilitation complète et un nouveau look.
Le groupe immobilier Giboire, propriétaire principal du bâtiment, et les architectes des agences PCA-Stream et Magnum, choisies pour mener à bien sa transformation, ont présenté leur projet jeudi 21 novembre, en présence de Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole.
La reconversion vertueuse d’une friche urbaine
« Créée dans les années 1970 pour accueillir des bureaux, cette tour est aujourd’hui une friche urbaine en plein centre-ville, et en plus polluée, rappelle Johanna Rolland. Ce sont autant de mètres-carrés libres que nous pouvons reconvertir pour réparer la ville et la reconstruire sur elle-même en accord avec les impératifs écologiques. » Dans le corps de la tour réhabilitée, les bureaux des années 70 vont ainsi être transformés en 200 logements environ, répartis sur 30 niveaux et dotés pour la plupart de loggias. Et c’est loin d’être le seul changement attendu ! « Ce projet est une opportunité unique de tourner la page de la tour énergivore des années 1970 mais aussi l’occasion d’améliorer en profondeur les espaces publics, pour recoudre le lien entre la ville haute (Graslin) et basse (Bouffay) et de faire plus de place à la végétation », poursuit la maire de Nantes.
Une silhouette claire et élancée
Côté design, la Tour abandonnera son aspect sombre et marron pour adopter une silhouette claire, « sobre et élégante ». « Nous avons choisi un matériau de façade léger - l’aluminium recyclé – dont la teinte changera selon l’orientation et la luminosité », précise Philippe Chiambaretta, architecte de PCA-Stream. « Les Nantais ont un attachement ambivalent, fait de je t’aime moi non plus, mais cette tour, fruit d’une époque révolue, reste un véritable marqueur urbain pour Nantes, observe-t-il Pour lui redonner vie et lutter contre l’obsolescence du bâti, nous avons imaginé une restructuration adaptée aux enjeux de notre temps. » L’intervention architecturale sera « frugale, éco-responsable et éloignée du geste gratuit », promet-il. L’idée n’est pas de faire table rase du passé. « Sa forme d’origine sera conservée dans le respect de son histoire et son esprit, mais nous allons renforcer son côté élancé pour sublimer ce bâtiment emblématique. »
Une empreinte carbone réduite
La sobriété est au coeur du projet. « L’objectif est de faire de la Tour Bretagne une opération de réhabilitation exemplaire sur le plan écologique et de la préservation du foncier, assure Michel Giboire, président du groupe immobilier. Le choix d’une réhabilitation plutôt qu’une démolition/reconstruction permettra d’économiser 14 000 m³ de béton et 1 600 tonnes d’acier, soit une économie carbone équivalente à 7 000 tonnes de CO2. » Cela représente 32 000 millions de kilomètres en voiture évités, ou encore l’impact carbone annuel de 875 Français, selon les chiffres du ministère de la Transition écologique. Pour y parvenir, le Groupe Giboire mise sur le réemploi de 100 % des matériaux issus de la réhabilitation (166 tonnes sont susceptibles d’être réutilisées), une conception bioclimatique, le recours aux éco-matériaux et une utilisation intelligente des ressources naturelles (soleil, vent, pluie et couvert végétal).
« L’ambition est de supprimer le recours à toute énergie fossile, grâce au raccordement de la Tour, qui est aujourd’hui une passoire thermique, au réseau de chaleur urbain de Nantes Métropole, alimenté à 84 % par des énergies renouvelables et de récupération locales (biomasse et incinération des déchets), précise Benoît Garnier, architecte de l’agence Magnum. Nous avons par ailleurs travaillé à un dessin de la façade le plus optimisé possible vis-à-vis des consommations d’énergie, notamment concernant les surfaces vitrées ». Un système de production de chaleur innovant, basé sur la récupération du chaud et du froid entre les différents occupants de la Tour, sera mis en place. Et le groupement étudie la possibilité de produire une partie des besoins d’eau chaude en valorisant la chaleur issue des eaux grises des logements et de l’hôtel.
Des commerces, 250 places vélos et des locaux pour des projets locaux
Pensé en deux bâtiments distincts mais indissociables, le projet de réhabilitation permettra d’accueillir des usages plus diversifiés et en phase avec les enjeux du 21e siècle. Outre les logements, le socle de la Tour abritera quelques commerces, un lieu de co-working, ainsi qu’un vaste espace de 1 000 m² qui accueillera, à la demande de Nantes Métropole et de la Ville, des projets locaux et des activités d’utilité sociale. L’Agence culturelle bretonne (ACB44) prévoit déjà d’y développer le projet Kejadenn (« rencontre » en breton). Et l’association des Ecossolies de nouveaux locaux dédiés à l’économie sociale et solidaire. Dotée à l’origine de six parkings, l’édifice fera aussi demain plus de place aux mobilités non polluantes. Les cinq niveaux actuels de stationnements seront recomposés pour loger plus de 250 places vélo, et 160 places pour les voitures (soit deux fois moins qu’aujourd’hui).
Un hôtel, un restaurant et des refuges pour la biodiversité
Autre nouveauté : le long de la rue de l’Arche-Sèche, un nouveau bâtiment viendra habiller le pied de l’édifice. On y trouvera, à la place du parking souterrain privé de la Tour, un hôtel quatre étoiles labellisé Clé verte d’environ 100 chambres et un restaurant dont la terrasse, surplombant les toits de Nantes, sera ouverte au grand public. Les espaces publics alentours seront par ailleurs revisités afin de recréer des circulations et déambulations agréables et accorder plus de place à la nature. Le long de ce bâtiment, un escalier public sera notamment créé pour relier la rue de l’Arche-Sèche à la rue du Pont-Sauvetout. « Cela permettra de donner pleinement vie au secteur de la place du Cirque et le la rue de l’Arche-Sèche », précise Johanna Rolland.
Aujourd’hui totalement minéral, le projet prévoit par ailleurs de nombreux aménagements permettant de favoriser la biodiversité, aujourd’hui inexistante sur le site. Plusieurs toitures seront végétalisées et la façade de l’hôtel habillée de plantes grimpantes et de nichoirs pour les oiseaux et les coléoptères. Des refuges sont même prévus sur les toits pour accueillir les faucons pèlerins !
Une terrasse pour profiter du ciel de Nantes
Dernière annonce très attendue, et non des moindres : « Les Nantaises et les Nantais vont retrouver l’accès au sommet de la Tour où ils pourront admirer le ciel de Nantes », se félicite Johanna Rolland. Conformément au souhait de la maire de Nantes, les 33e et 34e étages, libérés des actuels locaux techniques, hébergeront un lieu convivial et culturel en « rooftop », comme l’était Le Nid, ainsi qu’un belvédère panoramique culminant à plus de 107 m au-dessus de la place de Bretagne. Et bonne nouvelle, « ce lieu offrant une vue à 360 degrés sera ouvert à toutes et à tous. Et accessible gratuitement », révèle Johanna Rolland.
Il faudra patienter encore un peu pour que la Tour Bretagne dévoile son nouveau visage. Ce chantier de très grande ampleur prendra plusieurs années. Une première phase de travaux sera réalisée en 2025 pour curer et désamianter le bâtiment existant. Viendront ensuite les travaux de réhabilitation et d’extension de l’ensemble. Rendez-vous en 2029 pour découvrir le nouvel horizon nantais (la skyline, diront certains) et profiter de la plus belle vue sur la cité des Ducs, la métropole et l’estuaire de la Loire !
Qui sont les architectes de cette transformation ?
PCA-Stream est une agence d’architecture et d’urbanisme parisienne reconnue pour son savoir-faire en matière de réhabilitation et de transformation de bâtiments d’importance. On lui doit notamment l’extension du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) et la Fabrique de l’Art, le nouveau centre d’exposition et de réserve du Centre Pompidou et du Musée Picasso, à Massy (Hauts-de-Seine). Pour son premier projet à Nantes, PCA-Stream est associée avec des architectes 100 % pure beurre : l’agence nantaise Magnum, dont les bureaux se trouvent à quelques centaines de mètres de la Tour Bretagne.